vendredi 30 avril 2010

Médias : Peut-on faire confiance aux Canadiens de Montréal?

Une éclipse médiatique, c'est lorsque une nouvelle retient la majorité de l'attention des médias. L'élimination, au hockey, des Capitals de Washington par les Canadiens de Montréal mercredi 28 avril a occupé, selon Influence Communication, jusqu'à 82% de l'espace médiatique. Une aubaine pour certaines entreprises qui en profitent pour faire circuler une mauvaise nouvelle qui passera inaperçue ou presque dans les salles de rédaction, surtout lorsque d'autres éclipses sont à prévoir pour les prochains matchs qui opposeront le CH à leurs prochains adversaires. Peut-on alors parler d'exhaustivité en matière d'information?

Certaines nouvelles méritaient un peu plus de développement. Par exemple, lundi 26 avril, avant le match éliminatoire, le maire d'Outremont était arrêté dans le cadre de l'opération Marteau, qui vise à faire le ménage dans l'industrie de la construction. Fraude, abus de confiance et fabrication de faux documents sont ses chefs d'accusation. Pas de suite de l'affaire depuis lundi, excepté aujourd'hui vendredi, dans un article de La Presse qui ne fait plus référence au maire d'Outremont mais à une opération en cours de l'escouade Marteau dans la ville de Québec.

On a vu les maires de Montréal et Québec, le Mardi 27 avril, en visite à Chicago pour signer une résolution contre les armes à feu. La nouvelle n'a pas fait long feu et pour cause, ce sont deux villes où les taux de criminalité sont parmi les plus bas en Amérique du Nord....

On a pu échapper au lancement du deuxième album de Jonathan Roy (qui s'en plaindrait?), au succès de l'opération Montreal.net, un cheval de bataille qu'affectionne particulièrement Gerald Tremblay. Il y a eu également un peu de mouvement dans l'affaire qui opposent les journalistes du Journal de Montréal à leur patron Quebecor.

Mais cette éclipse est aussi génératrice d'informations, comme les débordements (prévisibles) dans le centre-ville de Montréal suite à la victoire des Canadiens, ou encore l'évacuation, le lendemain du match, de 200 personnes d'un immeuble suite à des odeurs incommodantes, probablement du gaz poivre lancé par les policiers la veille qui se serait répandu, sans parler des multiples et infinies débats sur les prédictions des prochains matchs à venir.

Ce bref aperçu montre que le public consommateur d'informations est encore sous l'emprise des grands médias que sont la presse, la télévision et la radio. Les sources d'information des réseaux sociaux, des blogues et autres fils d'actualités restent entre les mains des agences de presse, qui vendent l'information aux salles de rédaction qui décident de ce qui va être ou non traitable et diffusable. Autrement dit, l'espace médiatique est encore trop restreint, malgré la multiplication des canaux. Parce que cette infinité trouve finalement sa limite dans l'attention que l'on peut porter aux nouvelles. Trop de choix tue le choix et il est toujours plus agréable, lorsqu'on n'est pas expert, que l'on choisisse pour nous plutôt que de faire notre propre choix.
C'est le travail d'un rédacteur en chef, et même si on peut gérer ses propres fils de nouvelles, n'est pas rédacteur en chef qui veut. 

Le travail des journalistes est-il de faire tout voir et tout entendre? Il perdrait son lectorat si tel était le cas. La preuve en est la réduction en nombre de caractères des articles parues, sans parler des formats en ligne, et aussi de ce propre blogue, pour lequel j'essaie toujours de restreindre et de synthétiser le plus mes idées. Twitter en est l'extrême, 140 caractères pour délivrer une information, difficile de faire plus court. Les médias permettent une hyperspécialisation de l'information, ce dont la télévision par câble et ses chaînes thématiques étaient précurseurs, et c'est idéal lorsqu'on peut trouver une information précise et ses cohortes d'experts qui l'accompagnent.

Les médias ont le droit de prétendre à l'exhaustivité, mais ce n'est qu'un attribut qui leur est propre et c'était l'argument de vente principale des fournisseurs d'accès à Internet dans les années 1990. Ça ne dépend pas de ce qu'une équipe de communicateurs peut faire. Ce qu'ils font, c'est sélectionner, juger de la pertinence, traiter, diffuser. L'information pure n'existe pas, l'information est un événement qui a été traité.

Quand on regarde un film ou qu'on lit un roman on accepte facilement d'entrer dans l'histoire car nous savons que c'est une fiction. C'est la même chose, dans une moindre mesure, pour l'information, et ce n'est pas pour rien si les anglophones utilisent le terme "story" pour désigner une nouvelle. On doit malgré tout faire confiance aux médias, en gardant en tête que quoi qu'il arrive, sans être non plus constamment sceptique, que toute information est manipulée, et que le point de vue adoptée n'en est qu'un parmi d'autres. La multiplication des sources et des points de vue peuvent alors devenir une des garanties de la valeur d'information.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire