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vendredi 16 mai 2014

Fin du papier à La Presse : ce n’est pas le format qui prime

La Presse n’imprimera plus son journal à terme, c’est ce qu’a annoncé Paul Desmarais fils, président et Co-PDG de Power Corporation, lors de son assemblée annuelle. Annonce logique qui suit la création de La Presse + sur Ipad il y a maintenant un an.

Oui annonce logique car ça fait un moment que les grandes corporations médiatiques se sont tournés de plus en plus vers des stratégies numériques, l’investissement publicitaire dans le papier ne suffisant plus à faire vivre ces grosses machines.

Globalement je suis assez à l’aise avec la disparition du papier, alors que je fais partie de cette génération qui a grandi avec : mon père était abonné au journal Le Monde, et c’est à travers ce grand quotidien d’informations français que j’ai commencé à m’intéresser à la politique et à l’actualité internationale.

La Presse sur Ipad, je la consulte, de temps en temps, et j’ai aussi l’application sur Androïd (moins convivial mais quand même bien fait).

Ce qui fera la survie de ces journaux d’information, c’est le contenu. De plus en plus, le contenu prime, un contenu de qualité et d’intérêt, et c’est tant mieux! Le format est intéressant, oui, mais le format intéresse surtout les publicitaires : comment insérer ma pub? Avec quel article? Quel est mon public?

Le contenu, c’est celui que les journalistes produisent, chaque jour. Et quand on est capable, dans un seul média, de concentrer les meilleurs contenus des meilleurs journalistes, on a une recette gagnante pour durer sur le long terme.

jeudi 13 mai 2010

Presse : Des chiffres qui rassurent... un peu

NADbank publie le résultat d'une étude réalisée en 2009 sur la consommation de l'information dans les quotidiens, et les chiffres montrent qu'ils ont encore une forte présence dans le marché des médias. Plus de 77% des canadiens lisent au moins une fois par semaine un quotidien, qu'il soit imprimé ou en ligne. Cependant, ça ne signifie pas que les canadiens paient pour avoir accès à l'information.

- Un marché de lectorat canadien?

L'étude a porté sur 81 quotidiens canadiens et 2 quotidiens de Détroit. Pourquoi avoir inclut Détroit quand on s'intéresse au marché canadien? D'un point de vue géographique, Détroit touche la frontière canadienne et se trouve à environ 200km de London, en Ontario, et 400km de Toronto. Cette proximité expliquerait alors le choix de Détroit qui serait présent sur le marché canadien. L'étude montre là une lacune importante dans l'explication des choix des marchés de lectorat.

- Des journaux payants?


L'étude inclut également des informations de lectorat pour 60 journaux de quartiers hebdomadaires. Ce sont, pour la grande majorité d'entre eux, des journaux gratuits distribués directement dans nos boîtes à lettres, financés grâce à la publicité qui prend largement plus de place dans ces journaux que les contenus d'information. Ces journaux sont généralement propriétés de grandes entreprises de communication, tels Transcontinental, présents dans tous les arrondissements de Montréal, de Québec, en région et dans les autres provinces canadiennes. Évidemment on peut toujours questionner la validité de l'information, lorsqu'elle provient d'une seule et même source.

Si les habitudes de lectures des journaux des canadiens sont bonnes, c'est surtout parce que l'information vient de plus en plus vers nous, "gratuitement". Et si plus des 3/4 des canadiens lisent au moins une fois par semaine un journal en version papier ou en ligne, les hebdomadaires gratuits fournissent une bonne part de ces bons résultats. Encore une autre lacune de l'étude que de ne pas nous montrer les chiffres concernant les quotidiens d'information payants.



- Le papier, à recycler



Ce diagramme, disponible sur le site Internet de NADbank, montrent que les investisseurs ont raison de faire de la publicité imprimée. Les habitudes de lecture sur papier sont pour presque toutes ces villes canadiennes deux fois plus importantes que pour les lectures en ligne. Si la lecture en ligne est bien en dessous de la lecture imprimée, cela montre aussi que les manières de s'informer changent. Les fils de nouvelles auxquels on peut s'abonner sur les réseaux sociaux (entre autres Facebook et Twitter) permettent un rapide survol de l'information avec les grands titres, des liens et de brefs résumés des articles.
L'imprimé continue sa transformation entamée il y a une quinzaine d'années avec l'explosion d'Internet. Les habitudes changent et les formats avec.

Avec plus de 1 million d'exemplaires vendus de l'ipad, il sera intéressant de voir comment cette nouvelle plateforme technologique peut changer ou non la consommation d'imprimée. Une affaire à suivre...

dimanche 25 avril 2010

Télévision : Quel mariage avec Internet?

Dans ce billet de Mediatribe, on constate que le phénomène de convergence des médias continue son ascension. Des partenariats ont été créés en France entre Samsung et TF1 notamment, pour diffuser du contenu provenant du Web directement sur le téléviseur. On pourra ainsi visionner Youtube sans passer par son ordinateur et accéder à des contenus interactifs. Mais où le bât blesse, c'est justement dans le manque d'interactivité. On sait ce que la télévision peut apporter à Internet, mais que peut Internet pour la télévision?

Les succès de plate-forme comme Youtube et Dailymotion ont obligé les chaînes de télévision à se remettre en question. Devenue des concurrentes directes, les chaînes n'ont pas tardé à proposer leurs propres plates-formes, malgré une certaine réticence, car la reprise des émissions sur le Web est un frein pour la rediffusion, qui permet toujours de combler à moindre coût les trous dans la programmation télévisuelle.

Le transfert de contenu de la télévision à Internet a été fulgurant, et les plates-formes de diffusion Web fournissent de plus en plus de contenu indépendamment du petit écran. La preuve en est avec la Web-série "En audition avec Simon" diffusé uniquement sur Tou.tv, mais largement aidée par une forte campagne promotionnelle de Radio-Canada. Ça lui a permis de se placer second dans le nombre de consultations, derrière une populaire série québécoise d'abord diffusée sur le petit écran.

Internet transforme en profondeur nos habitudes de consommation de la télévision. Le principe de la programmation horizontale télévisuelle (des rendez-vous à des heures fixes quotidiennes, hebdomadaires ou mensuels) se retrouve sous une forme parcellaire sur Internet. Le flux peut être subdivisé par autant de canaux disponibles. La diffusion d'un contenu audiovisuel n'oblige pas l'internaute à se retrouver devant son écran d'ordinateur à une heure fixe pour voir une émission, par contre on peut le faire patienter jusqu'à ce que le diffuseur décide de le rendre accessible. Ensuite ce diffuseur doit jouer le jeu du principe fondamentale d'Internet en laissant le contenu disponible un minimum de temps.

La réflexion sur la transmission du message en sens inverse est moins évidente. Même en donnant à la télévision un accès à Internet, comment le téléspectateur peut-il en profiter pleinement, sans clavier ni souris, avec une simple télécommande? 
Deux solutions : ou bien on intègre ces deux éléments à la télévision, auquel cas cela reviendra à naviguer sur le Web avec son téléviseur ; ou alors on propose directement des rubriques (comportant des mots-clés) par des plates-formes pré-sélectionnées et sélectionnable avec une télécommande intelligente. En proposant des widgets sur l'écran, tout l'enjeu est d'arriver à recréer l'expérience Web vidéo en la rendant plus agréable et facilement accessible sur un téléviseur. Les plates-formes Web devront alors s'ajuster pour fournir la qualité requise pour diffusion sur un écran HD (ce que commence déjà à faire Youtube qui propose plusieurs formats de diffusion du plus simple jusqu'à Haute Définition).

Le Web sémantique traversera-t-il la frontière vers la télévision? La recherche par mots-clés ne sera transférable sur un téléviseur si et seulement si le téléspectateur accepte de changer son usage de la télévision, et ce transfert, s'il a lieu, prendra certainement du temps. Cependant on n'avait pas prévu, au moment de l'explosion des téléphones mobiles, du succès de la messagerie texte, avant même l'apparition des téléphones intelligents. Peut-être alors que la plus simple des applications développée dans ce genre de partenariat entre Samsung et TF1 sera l'ouverture à de nouvelles formes d'usages de la télévision.

vendredi 16 avril 2010

Médias : Une question de mots

Le CRTC (Conseil de Radiodiffusion et des Télécommunications Canadiennes), organisme public indépendant, s'est prononcé sur les investissements étrangers dans le secteur des télécommunications, en soumettant l'avis qu'une compagnie étrangère ne doit pas posséder plus de 49% de parts d'une compagnie canadienne. Elle propose de nouvelles définitions de ces industries, à l'heure de la multiplication et de l'expansion des différents supports de consommation de produits médiatiques, autrement dit la convergence.

Refuser plus de 49% de capitaux étrangers dans une entreprise de télécommunications canadienne nous laisserait croire à une forme de protectionnisme, en suggérant en même temps une protection de l'industrie culturelle qui fournit ces compagnies de télécommunications : un contenant canadien = un contenu canadien. Cependant on sait que l'équation est fausse car il suffit d'allumer sa télévision pour être submergé de produits médiatiques provenant de l'étranger (principalement des États-Unis) sur des chaînes canadiennes.

Une dépêche de l'agence QMI reprise par le site canoë nous dit que cette décision a été prise par le CRTC car le gouvernement avait accordé une licence à Globalive, contrôlé par l'égyptienne Orascom, alors même que le CRTC l'avait refusé. Pour résumer on passe du refus total à "ok pour 49% d'investissements étrangers" : un net recul du CRTC face au gouvernement.

La deuxième question porte sur la redéfinition des industries de télécommunications : les lois canadiennes les régissant faisait la distinction entre "radiodiffusion" et "télécommunication", autrement dit, nous dit le CRTC, entre "le contenu et la distribution". Il me semble pourtant que la "radiodiffusion" et la "télécommunication" sont plutôt deux formes de distributions de contenus. Au moment de ces définitions, on voulait sûrement distinguer la radio du téléphone, à peu près dans les années 1930? Il était temps que le CRTC les revoit.

Car cette question d'investissements étrangers et de redéfinition peut avoir de lourdes conséquences sur toute l'industrie culturelle canadienne, qu'elle soit francophone ou anglophone. Si une compagnie étrangère possède 49% d'une compagnie canadienne, n'aurait-elle pas un poids certain, dans un conseil d'administration, pour imposer un contenu provenant de son pays? L'idéal pour une entreprise de contenant (le média) n'est-il pas de vendre son propre contenu (ses propres productions médiatiques) déjà produit, emballé et prêt à être diffusé?

C'est cette distinction maladroite entre contenu et distribution qui doit rester la seule valide et c'est pourtant celle-là que le CRTC veut laisser tomber. Le contenu n'est plus disponible que sur un seul canal, mais sur de nombreux autres. L'exemple de tou.tv, sans parler des nombreuses chaînes qui diffusent sur Internet gratuitement, en est l'exemple le plus flagrant et sa popularité n'est que la preuve de l'évolution des médias. Les expériences de lecture, télévisuelle ou radiophonique ne sont plus l'exclusivité des seuls imprimés, radios et télévisions. L'imprimé se lit aussi sur l'ipad ou le kindle, la radio s'écoute en baladodiffusion et la télévision sur le Web. Ce qui change c'est le média d'une part, la manière de consommer d'autre part, mais pas le contenu.

C'est sur ce point précis que la distinction doit être faite entre contenu et contenant pour empêcher une entreprise de télécommunications, qu'elle ait des capitaux étrangers ou non, de fournir sans limite du contenu étranger. Et si le CRTC ne fait pas ce travail, ce n'est pas Ottawa qui va le faire pour lui. Le gouvernement fédéral a d'ailleurs autorisé cette semaine le plus grand libraire en ligne, Amazon, à ouvrir un entrepôt au Canada. Certes elle a l'obligation d'injecter 1.5 millions de dollars dans la culture canadienne, de faire la promotion d'auteurs canadiens et de s'associer à des événements culturels mais elle ne va sûrement pas faire fi de son imposant catalogue de littérature étrangère. C'est donc peu cher payé, 1.5 millions de dollars, pour faciliter la vente d'un catalogue en provenance des États-Unis déjà très présent chez de nombreux libraires.

On croyait le débat entre contenu et contenant enterré par l'explosion des nouveaux médias. Hors il est plus que jamais d'actualité lorsque les organismes et instances politiques ne savent pas les distinguer. "Libéraliser" une industrie comme celle des télécommunications n'est pas seulement faciliter les échanges commerciaux, c'est surtout définir les cadres de ces échanges et ce qui peut ou ne peut pas être échangé dans ces cadres.