vendredi 2 avril 2010

Internet : la mort subite du nourrisson quebec89



Le 1er octobre 2009 BRANCHEZ-VOUS! et rue89 annonçaient l'ouverture de quebec89. Le 31 mars dernier, après seulement 6 mois d'activités, quebec89 ferme ses portes. Promesses non tenues ou problème d'adaptation culturelle? Chronique d'une mort annoncée.

Avec quebec89, ses créateurs ne s'attendaient peut-être pas à ce que les attentes soient aussi élevées. L'ombre de rue89 a toujours planée derrière lui, et sa réputation a été rapidement faite lors de sa création en 2007, grâce à des journalistes repêchés de Libération et de bons scoops.

Rue89 a d'emblée surfé sur la vague des réseaux sociaux, s'annonçant comme un "projet journalistique indépendant" et "une manière d'informer qui repose sur la coproduction de contenus entre des journalistes, des experts, des passionnés, des témoins, des blogueurs et tous les visiteurs du site."
Pourtant si rue89 s'annonce comme un vrai site d'information ouvert, tout le monde ne peut publier un article. Une équipe de rédaction chevronnée fait sa sélection de blogues, de messages, d'articles pertinents et on retrouve finalement dans leurs manières de travailler l'essence même d'un quotidien imprimé dans la sélection d'information. Certes les points de vue sont multiples et originaux, mais n'est pas auteur qui veut.

De nombreuses différences expliquent en partie l'échec de quebec89. Le ton pas assez incisif, se qualifiant de "site d'information participatif". Où est l'indépendance journalistique adoptée par rue89? Le site incite aux commentaires, aux articles des internautes, mais promet seulement "au moins un article par jour", ainsi que des articles de rue89 pouvant intéresser les lecteurs québécois. Pourquoi aller chercher des articles de rue89 sur quebec89 si ce dernier n'offre pas plus de contenus?

Même si quebec89 avait pour ambition d'être un lieu de débat, avait-il sa place dans le marché de l'information québécoise déjà saturé par les cyberpresse, devoir et autre radio-canada, et envahi par le marché de l'information française?

Le vrai problème est que quebec89 est arrivé trop tard dans la vague du Web social. Aujourd'hui tous les grands titres et toutes les chaînes généralistes et spécialisées informatives proposent aux internautes de poster des commentaires, d'envoyer des liens vers de l'information pertinente, d'ouvrir le débat. Quels sont les journalistes qui n'ont pas encore leurs blogues, ou un compte facebook, twitter ou autre et qui mettent 10 fois par jour leurs profils à jour? Appuyé par ce qu'on appelle encore les "médias traditionnels" que sont la télévision, la radio et la presse, ces sites étaient la plus grosse concurrence de quebec89.

Quebec89 est un cas d'école. Il pose la question de l'adaptation d'un site Internet d'un cadre social et culturel donné à un autre et le débat reste ouvert sur la provenance, la validité et surtout la pertinence de l'information. L'information reste un produit que les journalistes façonnent à la couleur de la marque et cette couleur est fondamentale dans nos choix en matière de consommation d'informations.

2 commentaires:

  1. Salut,
    Je suis fidèle lecteur de Rue89 et de slate.fr. Rue89 fournit de très bons articles, certes beaucoup sont centré sur la France (et notamment sur notre gouvernement...) mais ils sont bien tourné à l'international.
    Quebec89 fait un peu la même chose. Un petit copié-collé de la version Française. Il s'est pas assez démarqué. Et pire, quand je regarde le site, je voie une article par jour et même des jours sans articles.
    Difficile de se faire une place comme ça contre de nombreux site de presse en ligne.

    Thibaud Dilain.
    PS: Continu ton blogue comme ça !

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